La résurgence actuelle de la solidarité apparaît sous la forme de valeurs éthiques et de principes juridiques, cela implique le défi d'accepter la responsabilité d'une autre personne. Il est important d’examiner la signification multiple de la solidarité afin d'envisager la possibilité de construire un espace commun, qui respecte à la fois la pluralité et assure la sécurité à long terme de ces protections pour les personnes défavorisées et vulnérables. La question est la suivante : dans quelle mesure sommes-nous prêts à financer un système fondé sur le principe de solidarité ? Un moteur de solidarité pourrait-il exiger l’invocation d’un objectif plus élevé pour ce monde post-moderne, si caractérisé par l’individualisme ? Cela recadrerait-il alors le sens de l'humanité pour y inclure les « autres », ceux qui sont jugés étranges ou étrangers ? La solidarité, en plus de la simple notion de tolérance qui intègre la différence, exige un engagement collectif. Atteindre la plénitude polysémique de la solidarité implique l’effort de valoriser la diversité humaine, afin de permettre une action commune, une hypothèse de base d’attitude politique. Pour ce faire, Samuel Beugre, nous invite à renoncer à l’égocentrisme ; chacun doit considérer que les autres ont un destin commun avec lui et qu'ils méritent donc son attention et son intérêt. Ce principe de solidarité dans sa formulation extrême est exprimé dans l'Évangile de Luc (6, 27-31) : « Maintenant, à vous qui m'écoutez, je vous dis : aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous détestent, Bénissez ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous maltraitent. À celui qui vous frappe sur une joue, présentez également l’autre ; à celui qui retire ta cape, laisse aussi la tunique ; À tous ceux qui vous le demandent, donnez-le et à quiconque prend votre chose, ne le réclamez pas. C'est-à-dire, traitez les autres comme vous voulez qu'ils vous traitent. » C'est l'utopie à laquelle nous devons tendre : un amour qui n'exclut personne, pas même les ennemis et les agresseurs ; un amour si solidaire de l'autre qu'il n'attend aucune récompense et en vient à renoncer à ses propres droits. Il convient toutefois de noter que « le domaine de l'amour chrétien va au-delà de la solidarité et inclut toutes les relations positives entre les personnes : justice, générosité, respect, compréhension, tolérance, aide, affection et abandonner, forger l'unité entre les êtres humains ». La solidarité à laquelle nous invite Samuel Beugre, est donc l'une des manifestations de l'amour qui amène le chrétien à fusionner ou à s'identifier avec son prochain.